Le raisin: un texticile de JL

Publié le par Petits potins_10

LE RAISIN

 

 

Le raisin de table est le seul raisin auquel les Croqueurs de pommes

 feignent de s’intéresser.

 Mais nous en connaissons

 qui cultivent en catimini le raisin de treille.

 Ils en tirent une boisson vinifiée

qu’ils appellent vin

 dont ils se disputent l’appellation.

Il paraît, selon eux,

 que le cépage fait tout le bouquet.

 C’est le terroir dit l’autre.

 C’est le travail du vigneron renchérit le troisième.

 Lâche- moi la grappe dit le quatrième.

 Mais l’autre lui met le grappin dessus

et lui enfonce sa science ampélologique dans l’oreille :

  « Ton gamay ne vaut pas tripette,

c’est de la lambrusque ».

 -Sarment d’ivrogne, crie le premier !

La déraison aidant ils portent plainte,

 sur papier- raisin bien sûr,

lequel n’a même plus sa vignette (1).

Ils vont chez un avocat,

 lui proposent des pots-de-vin,

 quel barouf !

 On finit par se cogner à coups de ceps et de provins.

 Le raisiné coule.

 On appelle la maréchaussée.

C’est la rafle.

 Voilà bien l’abus des crus et des cuites !

 Ah ! que je loue les Croqueurs

qui ne soutiennent que les rafles à grappiller,

 chapelets à gros grains

 à réciter au bout d’un bon  repas.

 Leur bonne raison, c’est le raisin de table.

 Je peux en témoigner sous la foi du sarment.

J.L.

(1) Ornement en forme de branche de vigne devenu « cul-de-lampe ». Le papier raisin portait une vignette en filigrane.

 

 

 

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