Cinq jours en Angleterre.
Tous les deux ans, les écoliers de Mesnil-Sellières se rendent en Angleterre dans le cadre de l’enseignement des langues vivantes.
Cinq jours de visites et de contacts pour favoriser l’apprentissage et la connaissance de ce pays voisin et pourtant si étranger. On épargnera au lecteur les banalités d’usage sur le sens de circulation, le refus obstiné et peut-être prémonitoire d’adopter notre monnaie commune, la bière tiède (une légende) et des légumes aux couleurs déroutantes évoquant une irradiation accidentelle.
Nous ne reviendrons pas non plus sur les considérations historiques déjà largement développées lors des comptes rendus des derniers séjours.( Liens à suivre tout au long du récit)
Ainsi en 2007: http://www.mesnil-sellieres.com/article-6806455.html et http://srv06.admin.over-blog.com/index.php?id=5583194&module=admin&action=publicationArticles:editPublication&ref_site=1&nlc__=931340838404
Non, cette année, la nouveauté était la préparation du jubilé de la reine Elisabeth II et celle des jeux olympiques. De ce qui concerne le second événement, nous n’avons rien vu, étant donné l’éloignement géographique des installations en préparation. Sur Trafalgar square cependant, un chronomètre géant égrenait les secondes, les minutes, les heures et les jours séparant la capitale britannique de ces heures de gloire planétaire.
Connaissant l’humour de nos voisins d’outre Manche, il n’est pas impossible que l’emplacement de la structure, face à la statue de l’Amiral Nelson, ne soit un cruel rappel de la victoire remportée une fois de plus par Londres sur Paris.
La préparation du Jubilé (anniversaire) par contre, mobilisait toutes les énergies : réfection de trottoirs, mise en place d’une scène géante face à Buckingham, débauche de drapeaux et de guirlandes. La fébrilité était palpable, démenti frappant à la réputation flegmatique des Anglais.
Le tunnel pour partir.
Conséquence inattendue de la faillite de SeaFrance, la première traversée s’est faite par le tunnel. Nous avions quitté Mesnil-Sellières dans le brouillard et sous la pluie. Nous sortîmes du Shuttle sous un soleil qui ne nous quitta pas durant cinq jours. « Le train n’est même pas mouillé » s’exclame une petite ! Humour britannique déjà ?
Souvenir de 2008 ici...
http://www.mesnil-sellieres.com/article-20236256.html
http://www.mesnil-sellieres.com/article-20271099.html
http://www.mesnil-sellieres.com/article-20300987.html
http://www.mesnil-sellieres.com/article-20323536.html
http://www.mesnil-sellieres.com/article-20467834.html
Autre mini révolution si vous voulez bien vous reporter aux voyages précédents : la plupart des enfants, malgré les conseils de leurs enseignantes, étaient munis d’appareils photos numériques. On ignore le nombre incommensurable de clichés qui furent tirés grâce à ce nouvel équipement. Malheureusement, beaucoup n’avaient prévu ni les prises électriques adaptées au réseau britannique, ni les appareils nécessaires à la recharge des batteries.
Canterbury. (Cantorbéry)
« Sitôt qu’Avril et ses douces averses
Ont transpercé la sécheresse de Mars…
Alors les gens n’ont qu’une idée : partir,
Aller pèlerins, loin de chez eux,
Rendre visite aux sanctuaires fameux.
Voici notamment que de tous les coins
D’Angleterre on va vers Canterbury
Faire visite au vénéré martyr… »
Activement préparés durant les semaines précédentes (exposés, lectures, recherches documentaires), les petits groupes d’enfants entrainèrent leurs accompagnateurs un peu débordés, vers le lieu de l’assassinat de Thomas Becket ou la sépulture du Prince Noir.
Il ne restait plus grands chose à expliquer, juste à s’extasier face au gigantisme de l’édifice et aux beautés architecturales de la Rome britannique.
Gisants, statuaire, vitraux d’inspirations et d’époques diverses témoignent de la richesse des lieux.
Après la visite, on se prépara à la rencontre de nos familles d’accueil. La coordination en était assurée par Peter, un géant jovial, jamais pris au dépourvu. ( Le compte rendu de l’année 2010 ici :
http://www.mesnil-sellieres.com/article-les-ecoliers-en-angleterre-2-canterbury-53148071.html
Battle Abbey et Hasting.
Qu’il était beau le champ de bataille sous le soleil printanier. Le heurt entre Normands et Saxons ayant eu lieu en octobre, le sol n’était peut-être pas si sec. J’avoue n’avoir trouve nulle part de précision sur la météo d’alors. Comme toujours, les enfants sont fascinés par les armes et les tenues exposées dans le petit musée. Ils reconnaissent les fragments de la tapisserie de Bayeux. Le film quoiqu’en anglais retrace les événements avec clarté. On visite les ruines de l’abbaye.
Cette année nous découvrons les belles salles voûtées.
La dalle sensée marquer le lieu de la mort du roi Harold attise toujours la curiosité, de même que l’inscription en Français : dire que l’histoire aurait pu nous léguer une langue commune à l’image de la devise royale britannique ! Que d’efforts nous auraient été épargnés !
2...4...6.......42....44 !
Hasting.
Pour les enfants c’est déjà la récompense : la mer, la plage, le soleil. Entre l’étendue bleu turquoise d’une mer à peine agitée et le ciel rayonnant, l’horizon paraît souligné d’un trait pastel. Croyez-le si vous voulez : la remarque m’en est faite en ces termes par une élève du CM1 ! Lorsque des grognons prétendent que le niveau des élèves baisse, n’en croyez rien !
Les goélands attendent sagement que nous quittions les lieux pour nettoyer les miettes. Christophe, notre chauffeur, nous conduit sur le haut de la ville, à proximité du château de Hasting et de l’entrée des grottes, royaume jadis des contrebandiers. Il nous évite ainsi une escalade épuisante en pleine chaleur. Avant d’affronter les terribles brigands sous la conduite de « Hairy Jack », on s’offre une petite séance de roulé boulé sur la pelouse en pente.
Pour plus de détail, le récit d’autres voyages (2008 et 2010) ici :
http://www.mesnil-sellieres.com/article-20300987.html
http://www.mesnil-sellieres.com/article-les-ecoliers-en-angleterre-3-hasting-53231291.html
Londres.
Rendez-vous matinal pour une visite de Londres. Quelques variantes dans le parcours mais toujours les lieux incontournables : Trafalgar square, le Mall, Buckingham…
Là nous assistons aux préparatifs du jubilé et à la sortie de hauts personnages : messieurs en frac et dames en chapeaux. Légère déception pour les enfants : les gardes ont troqué leur haut bonnet légendaire contre des casquettes plates : température oblige.
Nous assistons à une curieuse cérémonie. Un des gardes, préposé à la boisson, vient ravitailler ses compagnons en phase de cuisson avancée devant leur guérite. L’opération donne lieu à moult gesticulations, saluts, pirouettes et genoux hauts levés.
En face, les ouvriers s’affairent à monter les tribunes et la scène qui accueillera bientôt la crème de la musique populaire britannique : Elton Jones, Robbie Williams, Kylie Minogue, Paul MacCartney, Cliff Richard, Tom Jones…etc.
Δ Ce paragraphe est déconseillé aux nostalgiques de la monarchie et aux exilés fiscaux potentiels : Vous avez peut-être suivi le spectacle à la télévision. La presse nous a appris depuis que des chômeurs avaient été amenés en bus pour assurer les services d’ordre et de nettoyage sous peine de perdre leur droit à allocation. Ils ne manquent pas à Londres : 400 000 recensés et une croissance de 80% de SDF en un an. (Les loyers sont trois fois plus élevés qu’à Paris !)
Le temps de pique nique dans le parc St James est bienvenu.
Caserne des Horse Guards : tiens l’un d’eux est une femme ! Comment dit-on Horse Guard au féminin ?
Après Big Ben qui sonne trois heures, nous embarquons sur la Tamise. Préfiguration de la descente royale qui aura lieu quelques jours plus tard. De ce fait, la reine est un peu notre cousine non ? Nous ne sommes en avance que de quelques semaines. Selon les spécialistes Elisabeth II n’a jamais trop apprécié l’élément liquide. Ses passions la portent d’avantage vers les hippodromes et le soin de ses chiens. « Elle n’a emprunté la célèbre voie d’eau –la Tamise- qu’à deux reprises. En 1937 pour accompagner son père George VI à l’inauguration du Musée maritime de Greenwich et en 1954 à bord de son Yacht royal Britannia, au retour d’une tournée de six mois dans le Commonwealth. » Selon sa cousine, Margaret Rhodes, Elisabeth « redouterait cette expérience nautique »…
Cependant, impossible d’ignorer le fleuve inséparable de l’ambition impériale : « Rule Britannia, Britannia rule the Waves ». Selon Tony Travers (professeur à la London School of Economics », le fleuve symboliserait la résistance à la monarchie. Westminster, les ministères, le Palais de Lambeth résidence de l’archevêque de Canterbury, tous les contre pouvoirs sont sur ses berges.
Il s’agissait pour l’aristocratie et les bourgeois, de contrecarrer l’institution royale qui avait essaimé ses palais le long de la voie fluviale entre le IXème et le XVIème siècle : Windsor, Hampton Court, Kew, Whitehall ou la Tour de Londres. Voie symbolique donc, qui vit se déployer le faste de la monarchie avec Henri VIII défiant le Pape par son mariage avec Anne Boleyn (1533), les noces de Charles II et de Catherine de Bragance en 1662, après la défaite de la République de Cromwell, ou encore les festivités de 1717 qui virent George Ier escorté par un navire sur lequel l’orchestre interprétait la symphonie Water Musique, ode au fleuve, commandée à Haendel.
Plus tard ce seront des funérailles nationales qui emprunteront le fleuve : celles de l’amiral Nelson (1806) ou celle de Churchill (1965).
Une élève studieuse!
Contrairement à la parade du 3 juin qui eut lieu sous une pluie battante, nous bénéficions d’un soleil éclatant. La photographie géante montrant la famille royale n’est pas totalement installée et l’on ne voit que la main de la reine esquissant son célèbre salut.
En face, la tour de verre (« London Bridge Tower » surnommée The Shard of glass = l’éclat de verre) est presque terminée. Œuvre de l’architecte italien Renzo Piano. Noyau en béton, charpente en acier et enveloppe de verre, la tour culminera à 310 m. Elle abritera des bureaux, des chambres d’hôtes et au sommet des appartements.
Sa silhouette élancée ravira sans aucun doute la vedette au Cornichon (The Gherkin : architecte Norman Foster) qui mesure seulement 180 m de haut et abrite les bureaux d’une compagnie d’assurance suisse (The SuissRe Building de son vrai nom)
Voir aussi pour les années précédentes :
http://www.mesnil-sellieres.com/article-20323536.html
http://www.mesnil-sellieres.com/article-les-ecoliers-en-angleterre-4-londres-53519083.html
Leeds.
Avant d’aborder la merveille que sont le parc et le château de Leeds, nous visitons le petit musée de Maidstone. Les collections hétéroclites sont, selon le site de présentation, plus particulièrement destinées aux enfants.
Cela va des diplodocus aux uniformes, d’ateliers de découverte à la chambre des déguisements : succès assuré !
http://www.museum.maidstone.gov.uk/
L’accès au château de Leeds a été modifié : le chemin contourne l’allée principale et traverse des buissons d’arbres en fleurs.
On longe la rivière Len en admirant saules, aulnes, azalées et rhododendrons. Corinne et Amélia sont attirées par un massif impressionnant de ce qui semble être des « citrouillers » géants (Je sais le mot n’existe pas mais le mériterait…)
Les bernaches nonettes accompagnent les visiteurs, mais les paons écrasés par la chaleur refusent de déployer leur parure. Nous parcourons les salles du château par petits groupes.
Une aimable gardienne attire l’attention des enfants sur les portraits d’Henri VIII et de notre François Ier, évoquant la célèbre rencontre du « camp du Drap d’or ». La poutre centrale de l’escalier en colimaçon qui mène à l’étage supérieur ne porte-telle pas la sculpture de la Salamandre ?
Lady Baillie, la dernière propriétaire a été incinérée et ses cendres ont été répandues dans les jardins et les douves. On dit depuis qu’une dame en gris hante cet escalier en colimaçon du château. La rampe, en chêne, est surplombée d’une sculpture : celle d’un croisé souriant. Il sourit car il est le seul à voir le fantôme chaque nuit… Selon certains, le château abriterait plusieurs esprits maléfiques : si vous apercevez un chien noir, votre dernière heure est venue !
L’histoire tourmentée des occupants de la demeure royale nourrit les légendes : décapitations, procès en sorcellerie, décès prématuré de la « pucelle », Marguerite, princesse norvégienne devenue Reine d’Ecosse à sept ans et promise au prince Edouard, cinq ans. Hélas, la pucelle de Norvège, pauvre petite Iseult, mourut lors du voyage et sa disparition finit par amener des guerres féroces entre L’Ecosse et l’Angleterre.
Les salles les plus prestigieuses ont accueilli des initiatives diplomatiques plus ou moins fructueuses : Tony Blair avec le Sinn Fein, les ambassadeurs d’Egypte, d’Israël et des Etats Unis pour préparer Camp David, des réunions du G7.
On peut aussi y réserver des chambres pour les mariages.
On y sert peut-être les vins de nouveau produits sur la propriété. On a retrouvé une cave du XIIème siècle et la preuve que la vigne était cultivée du XIème au XVème siècle. Les cépages sont d’origine allemande et française.
Apres le château, le fameux jardin Culpeper où les haies de buis enveloppent roses, lupins et pavots.
La volière a été fermée. Souci de protection des animaux ou économie ?
Naturellement le labyrinthe est attendu.
Construit en 1988 il est formé de 2.400 ifs.
Le chemin de la sortie passe par une grotte construite de coquillages, de pierres et de bois où le visage grotesque du légendaire géant Typhée vous regarde ! Typhée essayait de maîtriser les dieux grecs mais a été défait par Zeus qui le jeta dans un volcan. Maintenant son image se trouve sous le labyrinthe du château de Leeds ! Le dôme au-dessus de sa tête est orné de cygnes blancs et noirs, symboles de Leeds Castle.
La folle journée se terminera dans le parc de jeux et comme d’habitude, le gardien devra nous rappeler gentiment l’heure de fermeture.
http://www.mesnil-sellieres.com/article-6806732.html
Ashford et le retour.
Traditionnellement, la dernière matinée à Ashford est consacrée au shopping. Il faut dépenser les dernières livres !
Peter salue notre départ, chevauchant un superbe vélo à assistance électrique.
Nous nous rendons à pied du point habituel de rendez-vous au centre ville, saluant au passage nos hôtes dont les maisons pavoisées sont aisément reconnaissables. Union Jack, portraits de la Reine et autres figurines à la gloire de la famille royale.
Ensuite ce sera le départ pour Douvres où nous embarquerons sur le ferry : compagnie P&O. Nous jetons un regard ému au quai d’embarquement de SeaFrance, totalement désert. Aux dernières nouvelles les 3 bateaux seraient rachetés par Eurotunnel. Le Berlioz et le Rodin pourraient ainsi reprendre la mer au mois d’Août…
Les navires de P&O sont certes confortables mais n’offrent pas les beaux espaces de plein air dont nous avions joui lors des précédentes traversées.
Le temps est superbe mais venteux. On ressent à peine un léger mouvement de houle.
A la halte de Saint Quentin, nouvelle surprise : le repas est offert au self. Pour en finir avec les sandwiches !
Il sera passé minuit lorsque les enfants ravis retrouveront leurs parents. Ils ont déjà trouvé la conclusion de ce récit sans doute.
Les enseignantes ont fait part de leurs remerciements à la communauté de communes pour la subvention allouée, à l’Association de parents d’élèves pour sa participation, aux parents pour leur aide lors des animations qui, tout au long de l’année ont permis de rassembler sou à sou les fonds nécessaires. Je crois avoir entendu que le Président de la Communauté de communes s’était lui aussi félicité de l’implication de tous dans ce projet. Je crois pouvoir au nom de tous, remercier Corinne, Annick et Géraldine professeures des écoles, Christophe, irremplaçable chauffeur des Courriers de l’Aube et saluer Amélia qui a partagé cette aventure.
http://www.mesnil-sellieres.com/article-les-ecoliers-en-angleterre-6-fin-du-sejour-53814319.html