Une journée au salon du livre à Troyes.

Publié le par Petits potins_10

 

  Pour cette 23 ème édition du salon régional du livre pour la jeunesse de Troyes les organisateurs avaient choisi la devise, ou le thème « Que c’est beau » !

De fait, on a de belles occasions de s’extasier, tant devant la variété des ouvrages, la qualité des illustrations, les bouilles des marmots et la richesse des animations. Le succès était au rendez-vous avec

«… plus de 42 000 visiteurs, 12 000 élèves, 25 000 livres vendus, 240 000 € de chiffre d'affaires, …153 000 € de recettes, le salon voit son chiffre d'affaires augmenter de 4,5 %....  24 séances de spectacles, une vingtaine d'animations, cinq libraires et cinquante bénévoles… » (lu dans la presse locale)

Le salon affichait sa carte de visite : 6 000 m2 d’exposition, 40 000 livres présentés, 20 lieux d’animation…

 Réunion des professionnels.

En marge de la foule, mais au cœur des préoccupations 250 professionnels étaient réunis pour une journée, le  lundi. Etaient notamment présents le directeur du Salon du livre de Paris et celui du Syndicat national de l'édition. Le 26 janvier prochain, le Congrès national des éditeurs jeunesse aura lieu à Troyes.


On y parlera sans doute beaucoup économie, mais aussi création. Les questions de diffusion, de pratiques de lecture sont bouleversées par les « lois du marché » et les évolutions technologiques. Pour reprendre une expression détestable entendue quelque part, « le gâteau » représente 5 milliards d’euros, ce qui place le livre à la première place des « industries culturelles ».
La France dispose d'un des plus importants réseaux au monde de libraires. Mais leur équilibre financier est fragile. « Le bénéfice net de mon commerce est seulement de 1,5 % », note l’un d’eux.

« Ce n'est pas pour rien qu'on parle de l'exception culturelle française.  On se porte mieux qu'ailleurs. Seulement, si nous avons pu nous maintenir face aux chaînes, c'est bien grâce à la loi Lang de 1987, affirmant que le livre devait être vendu partout au même prix » déclarent deux libraires troyens Jean-Luc Rio des Passeurs de textes et François Pelletier de la Maison de la presse qui viennent d’être distingués récemment par le label « LIR » (comprenez « Librairie indépendante de référence ») décerné par le ministère de la culture.

Canaux de vente en 2004. Répartition des achats en valeur (en %) :

·         Vente par correspondance et clubs 22,6 (dont ventes par Internet 4,6)

·          grandes surfaces spécialisées (dont Fnac) 21,8,

·         Grandes surfaces non spécialisées (dont hyper) 20,1,

·         librairies 19,1,

·          maisons de la presse 7,2,

·          soldeurs/occasion 1,8,

·         grands magasins 0,6,

·         courtage 0,2,

·         autres (comités d'entreprise, kiosques, gares, salons...) 6,5.

Un rapport plus complet ici : http://www.centrenationaldulivre.fr/IMG/pdf/table_ronde_6_etat_des_lieux.pdf

Au plan régional, il existe 19 éditeurs champardennais représentant 30 emplois et un chiffre d’affaire de 5 millions d’euros en 2006. Malgré sa modestie le secteur est reconnu et a reçu une aide du Conseil régional de 100 000 € car certains livres ne pourraient pas sortir sans fonds publics.

« La petite édition se casse le nez à cause de la diffusion. C’est assez simple de trouver un diffuseur mais c’est trop cher : sur un livre à 10 €, il prend 7 €. Nous, on a conservé notre activité pour faire les bouquins qu’on aime ».  dit François Schmidt.

 

La lecture en crise ?

Si les enfants plébiscitent le salon du livre et si les parents les y accompagnent volontiers, les statistiques de la lecture en France restent modestes :

« La moitié des Français lisent régulièrement des livres. Nombre de ces adultes étaient déjà des lecteurs entre 8 et 12 ans. A cet âge, les parents avaient une forte influence : les adultes d'aujourd'hui lisaient d'autant plus quand ils étaient jeunes que leurs parents s'intéressaient à leur travail scolaire, avaient un niveau culturel élevé, et étaient eux-mêmes lecteurs…. »


En 2005, 42 % des Français, tous âges confondus, n’ont lu aucun livre ;  28% en ont lu moins de six par an, 14 % de six à douze par an , 8% entre un et deux par mois. Contrairement à des idées reçues, les non lecteurs se retrouvent dans toutes les tranches d’âge et sont plus nombreux chez les plus âgés. N’ont lu aucun livre 48% des plus de soixante ans, 43% des quarante- cinquante neuf ans, 41% des vingt cinq –trente neuf ans et 32 % des quinze-vingt quatre ans. Les jeunes filles et les femmes lisent généralement plus que les hommes.


La fréquentation des bibliothèques confirme cette tendance. Comme en bien d’autres domaines, on constate qu’il ne suffit pas de favoriser le goût de la lecture chez les plus jeunes pour influer sur les comportements adultes. Malheureusement, ce qui s’apprend à l’école peut aussi se « désapprendre »  par manque de pratique ou par choix individuels : il ne suffit pas d’enseigner la sécurité routière ou le respect de l’environnement aux enfants pour qu’ils deviennent des automobilistes responsables ou des adultes respectueux de leur milieu de vie !


Malgré ce constat, ou pour tenter de surmonter les déficiences, les scolaires, de plus en plus nombreux se pressent au salon du livre. Les animations, déconcentrées en raison du nombre de participants, favorisent la participation. Bien des écoles n’ont pas pu obtenir les rencontres souhaitées faute de place et de temps. C’est en somme la rançon du succès.

Avec l’école…

Plusieurs classes de notre RPI ont fait le déplacement à Troyes. Nous en avons accompagné une, afin de donner un aperçu de la diversité des expériences vécues.



Le premier rendez-vous, en matinée, était fixé Rue Jeanne d’Arc pour une rencontre avec He Zhihong, illustratrice. Les enfants auront ainsi la possibilité de découvrir l’univers raffiné et sensible d’une jeune artiste. La présentation et le commentaire de planches originales sur papier « de riz »  (en fait, chanvre, bambou ou mûrier) seront l’occasion d’échanges spontanés, les petits étant particulièrement attentifs aux contes traditionnels mettant en scène les animaux, tigre ou panda, ainsi qu’au récit d’une vie étonnante, celle de la propre grand-mère de l’artiste qui réussit à s’instruire seule.

Trop pauvre pour y être admise, la fillette suivait les leçons derrière les fenêtres de l’école de son village ! L’album « La fille au pays des neiges » évoque ces souvenirs. D’autres ouvrages et illustrations seront présentés, accompagnés d’explications sur la technique particulière mise en œuvre. Afin d’en juger par vous-même, voici une brève bibliographie ainsi que deux adresses internet :

  • Poèmes de Chine, Seuil, 2009
  • La fille du pays des neiges, Sorbier, 2007
  • Pourquoi le tigre ne grimpe pas aux arbres, Seuil Jeunesse, 2007
  • J’apprends la calligraphie chinoise, Picquier Jeunesse, 2006
  • Le cerf-volant dans l’arbre, Picquier Jeunesse, 2006
  • La forêt des pandas, Seuil Jeunesse, 2006 (Prix Saint-Exupéry)
  • Long-long’s New Year, Frances Lincoln, 2005 (Prix Peter Pan)
  • Lili et le rêve du papillon, Bleu de Chine, 2005
  • Lili et le goût de la Chine, Bleu de Chine, 2004
  • Le mariage de Souricette, Syros Jeunesse, 2004
  • Ma vie à Pékin au fil des mois, Syros Jeunesse, 2003
  • Contes des peuples de Chine, Syros Jeunesse, 2003 (Prix de la Nuit du Livre)
  • Contes de Mandchourie : Le fleuve du dragon noir, L’école des loisirs, 2003
  • Le daim mangeur de tigre, L’école des loisirs, 2002

( Ce document provient de « http://fr.wikipedia.org/wiki/He_Zhihong ». )

 

http://www.mondimages.com/

http://www.citrouille.net/iblog/B1458780649/C1142091566/E1125274550/index.html

 

La seconde partie de la séance consistait en travaux pratiques de calligraphie chinoise.

He Zhihong ayant présenté un petit ouvrage d’initiation fort bien fait, accompagné d’un CD-ROM, les enfants furent équipés de tabliers protecteurs, et munis de pinceaux spéciaux, de vrais pinceaux chinois, s’appliquèrent à imiter les modèles tracés au tableau sur des feuilles de « papier de riz ».

L’évolution des caractères, l’ordre des traits, la notion de clés furent abordés. Et chacun put repartir avec son œuvre, ayant dessiné plusieurs caractères :  « ciel »
,« soleil », « lune »…

 

Le temps de traverser une partie de la ville et la classe se retrouve au salon du livre pour une brève exploration et quelques achats. Naturellement, on se concentre sur les œuvres de He Zhihong qui a su séduire son public ! Hélas, elle ne pourra pas dédicacer les livres. Le salon du livre, «  c’est super » : on a le droit de toucher les livres, de les feuilleter, de s’installer confortablement sur la moquette. Par chance, ce jour là et à cette heure il n’y a pas encore trop de monde.

Au musée d’Art moderne.

Après l’illustration et les techniques chinoises, les enfants ont rendez-vous au Musée d’art moderne de Troyes dont on connaît la collection prestigieuse. Pour beaucoup, c’est un premier contact avec la peinture.

L’animatrice, très pédagogue, amène progressivement les notions essentielles… Supports, mise en valeur des œuvres, puis notions de la théorie des couleurs. Elle sait entraîner son jeune public très loin des banales considérations sur la ressemblance ou la représentation. Les impressionnistes et les fauves recueillent sans surprise la majorité des suffrages. C’est tellement coloré ! Sur son socle, une tête de bronze coiffée d’un bonnet à clochettes semble apprécier. A travers elle c’est Picasso lui-même qui nous observe !


L’année prochaine, le thème sera « Il était une fois »… Tout un programme !

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