Noël au Moulin le 5 décembre 2010.
Les adhérents de l’Association des Moulins à Vent champenois ont reçu la première « Lettre de mon Moulin. », une feuille trimestrielle. Au sommaire la vie de l’association, la réalisation des projets et des données historiques.
Nombre d’entre nous ont suivi avec passion l’émission télévisée « Des racines et des ailes » diffusée par FR3. Les images du moulin ayant été filmées il y a quelques temps, une mise à jour s’imposait.
La mécanique du moulin est désormais opérationnelle et la farine produite a déjà été utilisée pour des cuissons. Le four à pain est inclus dans le fournil, «… petite grange de 60m2 à ossature de chêne… démontée dans les environs d’Amance et offerte par l’entreprise « Les charpentiers de Troyes », elle a été …élevée le 9 octobre par des bénévoles actifs de l’association… »
Nous ne sommes pas à l’époque la plus favorable pour profiter des jardins, mais il sera possible néanmoins d’admirer le travail réalisé : massifs, plantations, pupitres « ludiques » pour la découverte des plantes, de leur histoire, de leurs caractéristiques et même de leurs odeurs grâce à un astucieux système de cloches de verre.
On nous promet avant le 5 décembre la pose du vitrage de la grande grange qui accueillera comme l’an dernier les artisans et les animations.
Un succès national.
On a pu suivre sur « Petits Potins » les étapes de ce projet un peu fou, depuis les premières découpes jusqu’à la pose des éléments les plus lourds. Aujourd’hui, les visiteurs se pressent en nombre et les visites scolaires se succèdent. Un DVD en vente à l’accueil en rend compte.
Le site est sécurisé : la barrière permet de régulariser les visites. La présence d’au moins un membre de l’association est nécessaire et une contribution financière est sollicitée afin de poursuivre les aménagements et de rétribuer certaines tâches.
Désormais, le site du moulin est inscrit dans les circuits de nombre d’opérateurs touristiques. Il fait partie des lieux de prédilection pour les écoles souhaitant travailler sur le thème du pain. Il accueille évidemment les passionnés de cette technique antique et ils sont nombreux.
Une visite scolaire.
S’il est une école privilégiée, c’est bien celle du village de Dosches, dont les élèves n’ont qu’à escalader le chemin d’accès pour être au pied du colosse de bois dont ils voient se dresser la silhouette au dessus du village.
Tantôt orientées au noroit, tantôt au suroît, plus rarement au nordet, les ailes bravent les rafales automnales.
Les jours de fête et de visite, on déploie les toiles du grand navire sédentaire. Les bois craquent comme une coque. Que survienne un grain, il ne manquera pas même le crépitement des brassées d’eau projetées par les bourrasques, ni le sifflement des câbles tendus. Dans la tiédeur sombre, près des meules et des sacs de farine, la cage tangue et se lamente.
Mais le vent n’est pas toujours au rendez-vous. Un petit moteur électrique a été établi pour donner aux ailes un mouvement lent. Démonstration nécessaire pour les sceptiques : « Alors elles tournent vraiment? »
Le jour choisi par la maîtresse des élèves de CE1, le temps est gris et humide mais calme. On écoutera donc tranquillement les explications données par Jean Paul derrière la barrière de sécurité qui protège l’aire circulaire où passent et repassent habituellement les grands bras de bois gris. Aujourd’hui, les toiles sont carguées et la machine immobile.
Les questions des enfants appellent des réponses bien préparées. La curiosité des visiteurs est sans surprise. Le moulin pivote sur son pivot :
« Tout le moulin ?
- Oui, tout le moulin… la cage et les ailes, et à l’intérieur le mécanisme et les meules, et les sacs de blé !
- Combien de tonnes à virer au vent? »
Je ne sais plus ce qu’a répondu le guide. Vous irez vous-même reposer la question. N’est-ce pas le plus extraordinaire, cet équilibre, la résistance des pièces assemblées pour résister à des forces énormes. Cela doit pouvoir se calculer la tension des toiles, la résistance du pivot…
Mais nos petits du cours élémentaire ne sont pas encore élèves ingénieurs ni apprentis compagnons… On en restera donc aux questions simples :
- A-t-on construit le moulin ici même ?
- Quel âge a-t-il ?
- Oui, il faut grimper dans les vergues pour déployer les toiles. »
Avez-vous déjà vu Erwin y grimper comme un chat, sabots aux pieds ?
Dans la cage…
Les adultes assurent et rassurent lors de l’escalade de l’escalier d’accès. Tout est désormais en place.
Jean Paul explique le rôle de chaque élément, montre le fonctionnement du frein, l’alimentation des meules, l’embrayage de la lanterne sur le rouet.
De petites étiquettes ont été disposées, indiquant le nom de chaque pièce : « tambour du frein »… « Bluterie »… « Guettes ou lien »… «Maître sommier »… « Archures »…
Les petit(e)s élèves prennent sagement des notes d’une main aussi mal assurée que leur orthographe.
Que les railleurs se calment ! Songez qu’un an plus tôt ils ne savaient pas lire.
Des schémas simples éclairent le visiteur. Quel enfant résisterait au plaisir de plonger les mains dans le sac de farine offert là tout exprès ?
Les meules sont désormais dans leur coffre de bois. Un artisan, artiste consciencieux, a sculpté un pigeon et un cheval. L’auxiliaire du laboureur et du meunier voisine avec le granivore insatiable. Y aurait-il là une fable cachée ?
Par les lucarnes ouvertes on admire le panorama, au loin le hameau de Rosson et la plaine un peu triste.
« Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
Est triste et faible et lourde et lasse, infiniment.
Depuis l'aube, ses bras, comme des bras de plainte,
Se sont tendus et sont tombés ; et les voici
Qui retombent encor, là-bas, dans l'air noirci
Et le silence entier de la nature éteinte.
Un jour souffrant d'hiver sur les hameaux s'endort,
Les nuages sont las de leurs voyages sombres,
Et le long des taillis qui ramassent leurs ombres,
Les ornières s'en vont vers un horizon mort… »
(Emile Verhaeren).
Côté jardin, l’aile brasse l’air en silence. Comme nous sommes haut ! Et il va falloir redescendre !
La chaîne des adultes s’organise. On aborde l’escalier dos au vide, comme on descend une échelle (échelle de meunier). Ce sera l’émotion du jour.
Le four à pain.
A côté de la grange, le four à pain attend son habillage. La charpente qui l’enveloppera est déjà là, à terre. Plusieurs cuissons ont été faites et la brique est noircie.
Le 5 décembre on y enfournera la pâte faite avec la farine du moulin. On nous promet du pain, des brioches et des crêpes. Le site sera ouvert de 10h à 18h. La grange sera chauffée et il y aura du vin chaud.