Carnaval 2012 à Géraudot.
Carnaval 2012 est mort, brûlé vif, cramé, réduit en cendres, vaporisé, fumérisé, et son dernier méfait aura été d’ajouter quelques grammes de CO2 à la pauvre atmosphère.
J’ignore si les joyeux drilles qui avaient confectionné le mannequin lui avaient donné un nom. C’est de tradition.
Il portait couronne cependant, ce qui semble induire un certain rapport avec le pouvoir. Le thème général étant les contes on peut supposer une sourde révolte des personnages sympathiques de nos rêveries contre un maître trop impopulaire.
Le petit chaperon rouge a certes beaucoup à reprocher au loup, mais l’animal lui-même n’est-il pas souvent maltraité ?
L’impitoyable reine du « Pays des merveilles » n’est-elle pas soumise à une obsession tranchante répétant à tous vents qu’il faut couper des têtes !
Fées et princesses subiront-elles toujours le harcèlement de princes sortis d’on ne sait où ou pire de manants valeureux ?
Et ils étaient nombreux ce jour là à Géraudot, les preux chevaliers tout armés pour conquérir le cœur des belles en attendant d’aller mettre au loin à feu et à sang des cités prospères.
Qu’a-t-on brûlé ce jour là ? Tous les méfaits de l’année passée, discordes et petites vacheries domestiques ou professionnelles ? Ou bien nos mauvais rêves, nos tentations redoutables à la veille d’un nouvel an (1) célébré par une floraison naturelle lumineuse et profuse.
Le bûcher purificateur et heureusement symbolique, ouvre la perspective d’un meilleur avenir.
Ce qu’illustraient à leur façon les musicien(ne)s de l’Eveil, jeunes de l’Eveil musical, adultes expérimentés et Guy, infatigable vétéran.
La basse puissante du soubassophone imprimait à la troupe quelque peu anarchique une autorité et une gravité joyeuse.
De mystérieux personnages échappés sans doute de quelque parc d’attraction proposaient des beignets. Les parents avaient préparé des gateaux.
Il fallut tomber les masques pour profiter des agapes. La longue ombre noire coiffée d’un large chapeau telle la camarde en mission se révéla être une fillette espiègle, et les chevaliers déposant les armes de gentils garçonnets gourmands.
Un pirate borgne avait même relevé son cache-œil. En fin de compte, la mascarade n’est peut-être pas si éloignée des réalités. Chacun y trouvera les allusions de son goût.
Rappelons que longtemps l’an nouveau se célébra en même temps que le début du printemps.