L’eau dans tous ses états…

Publié le par Petits potins_10

L’année 2009 a été marquée par un ensemble de manifestations liées à la connaissance de l’eau et de nos territoires. L’Association des Amis du Parc y a pris une place déterminante, organisant conférences, animations scolaires et prêt de matériel pédagogique.


Après le succès des animations organisées autour du moulin de Dosches en 2007-2008, l’Association des Amis du Parc avait choisi le thème de l’eau à l’occasion de la vidange décennale du Lac Seine. (Voir l’Escarboucle n°75).

Ces initiatives ont été soutenues notamment par le Parc naturel régional de la Forêt d’Orient (http://www.pnr-foret-orient.fr/fr/) , l’Institution des barrages réservoirs (IIBRBS : http://www.iibrbs.fr/ ), l’agence de l’eau Seine Normandie (http://www.eau-seine-normandie.fr/ ), le Conseil général (http://www.cg-aube.com/) et le Conseil régional (http://www.cr-champagne-ardenne.fr/ ). Sans parler des subventions accordées par certaines municipalités aux écoles participantes.

Des expositions à la Maison du Parc et à la Capitainerie ont marqué l’événement.



De l’enjeu planétaire…

Bien que nous ayons l’œil captivé par nos paysages de Champagne humide où l’eau ne se laisse pas oublier, le citoyen curieux n’ignore pas les réalités apparemment lointaines. Les animateurs du Centre d’éducation à l’environnement du PNRFO (http://www.pnr-foret-orient.fr/partenaires/charles/fr/index.htm ) surent remettre en perspective auprès de leur jeune public, les enjeux planétaires de la gestion de l’eau. Quelques chiffres bien connus les rappellent :

L’eau douce est une denrée rare et précieuse. Elle ne représente que 2,5% de toute l’eau présente sur la terre. (Le reste est de l’eau de mer). Une partie de l’eau douce est « prisonnière » sous forme de glace.

L’accès à l’eau est un privilège : une personne sur cinq en est privée soit un milliard d’humains. Selon l’ONU, en 2050, entre 2 et 7 milliards d’individus seraient confrontés à la pénurie dans 48 à 60 pays. L’eau insalubre provoquerait 8 millions de morts chaque année dont 1,8 million d’enfants.

Car la quantité d’eau disponible est finie : elle ne se crée pas alors que la demande augmente.

« Chaque jour, le cycle hydrologique renouvelle les ressources mondiales en eau douce par évaporation et précipitation. Les précipitations annuelles moyennes que reçoivent les terres émergées s'élèvent à 1 10 000 km3, mais environ 70000 km3 de cette eau s'évaporent avant de revenir à la mer. Les 40 000 km3 restants sont potentiellement disponibles pour l'utilisation humaine. La consommation mondiale d'eau douce s'élève actuellement à environ 4 000 km3, soit 10 pour cent seulement des disponibilités renouvelables annuelles.

Ces chiffres pourraient donner à croire que l'eau est largement disponible pour l'utilisation humaine, mais à y regarder de plus près, la situation est beaucoup plus complexe. Les 40 000 km3 d'eau disponible sont très inégalement répartis, et s'écoulent pour les deux tiers sous forme de crues violentes. Restent environ 14 000 km3 de disponibilités relativement stables. Une fraction appréciable de cet approvisionnement doit être abandonnée à son cours naturel pour sauvegarder les terres humides, les deltas, les lacs et les cours d'eau7. Par exemple, 6 000 km3 d'eau sont nécessaires pour diluer et transporter les quelque 450 km3 d'eaux usées actuellement rejetées chaque année dans le monde8. Faute d'un investissement appréciable dans le traitement des eaux usées et d'une réglementation plus efficace, il faudra de plus en plus d'eau pluviale pour diluer et transporter les déchets. »

L’eau insalubre provoquerait 8 millions de morts chaque année dont 1,8 million d’enfants.

Environ 900 millions d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable et 2,5 milliards ont peu d’accès à l’assainissement.

 

-           

…à nos réalités domestiques.

Le programme des animations est bien rôdé : Mesnil-Saint –Père offre toute la gamme d’expérimentations et de découvertes. Réseau de distribution, d’assainissement, découverte des sources, schéma de fonctionnement des lacs, écosystèmes…

Les retours en salle de travail permettent de systématiser les acquisitions de terrain et de sensibiliser les stagiaires aux réalités : qui consomme ? Combien ? Pourquoi ? Comment préserver les ressources ?

Voir le dossier « Wikipédia » :

http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9opolitique_de_l'eau

 

 

Le bilan de la qualité de l’eau dressé par la DDASS sur les principaux lieux de baignade par exemple, montre que la qualité de l’eau est « globalement satisfaisante », bonne  ou moyenne selon les sites. Cependant, on apprend que la teneur en nitrates sur le lac Amance favorise l’eutrophisation (accroissement des algues et des plantes aquatiques).

L’eau potable de nos villages est de bonne qualité : les prélèvements au puits de Rosson, chargés en nitrates, sont équilibrés par les apports d’autres  provenances ce qui permet d’obtenir des taux largement inférieurs aux normes. Prochainement, le contrôle des installations sanitaires domestiques devrait permettre de limiter les rejets indésirables.



Naturellement, la sensibilisation met l’accent sur les consommations domestiques :

-          Une chasse d’eau 6 à 12 l  d’eau.

-          Une douche de 5mn : 60 à 80 l.

-          Un bain : 150 à 200 l

-          L’arrosage de 100 m2 de pelouse : 1750 l...

Des compteurs en temps réel ici :

http://www.planetoscope.com/developpement-durable/consommation-eau

…et pour ceux qui comme moi aiment les statistiques :

Eau
1 robinet qui goutte consomme 96 L/jour soit 11,50 €/mois
1 filet d'eau au robinet gaspille 300 L/jour soit 36 €/mois
1 fuite de chasse d'eau peut atteindre 600 L/jour soit 72 €/mois

Quelques chiffres de notre consommation d'eau pour les usages extérieurs :
- 1 potager d'une surface maxi de 50m² consomme de 150 à 500 litres d'eau / an,
- 1 potager d'une surface maxi de 100m² consomme de 500 à 1500 litres d'eau / an,
- Arroser son jardin et laver sa voiture revient à consommer de 1500 à 3000 litres d'eau / an,
- Remplir 1 piscine revient à consommer 65m3 d'eau soit 65000 litres.

Pour la maison :
- 1 lave linge consomme jusqu'à 125 litres d'eau,
- 1 lave vaisselle consomme 40 litres d'eau en moyenne.

La France est le deuxième consommateur d'eau après l'Italie.

 En moyenne sur les 150 litres d'eau utilisés par jour par Français, seul 1,5 l est bu. Tout le reste concerne nos usages domestiques.

L'eau douce ne représente que 2,5% du stock total d'eau sur la planète (les 97,5% restants étant salés) et elle est utilisée à 70% pour l'irrigation liée à l'agriculture.

La consommation d'eau des ménages par poste se répartit comme suit :

-          6% pour l'alimentation,

-          1% pour la boisson,

-          6% pour la cuisine,

-          39% pour l'hygiène et la toilette,

-          6% pour la voiture et le jardin,

-          10% pour la vaisselle,

-          12% pour le linge,

-          20% pour les sanitaires

-           6% divers.

Il faut environ 100 litres d'eau pour produire 1 litre d'alcool.

Il faut 25 litres  d'eau pour produire 1 litre de bière.

Il faut environ 35m3 d'eau pour produire une tonne de ciment.

Il faut environ 35m3 d'eau pour laver une voiture.

Quand on achète une bouteille d'eau : 80% du coût concerne l'emballage

sources : centre d'information de l'eau 2007

L'eau de robinet coûte 100 à 300 fois moins cher que l'eau en bouteilles. Si nous buvions tous de l'eau du robinet cela nous permettrait d'économiser jusqu'à 240 000 tonnes de plastique par an !

 

 

 

Rien n’est dérisoire même si l’on compare ces quantités à ce que prélèvent les grandes industries :

Il faut :

-          80 l d’eau pour fabriquer 1 kg de sucre

-          200 l pour 1 kg d’acier

-          300 l pour 1 kg de papier

-          6 000 l pour 1 kg d’engrais complexe !

http://www.mines.inpl-nancy.fr/geoingenierie/T153/T153/expose2006/Consommation-eau_dans_monde.pdf

 

On est loin du robinet qui fuit, même s’il vaut mieux pour des raisons évidentes (et économiques) éviter les gaspillages. La récupération des eaux de pluies est ainsi remise à l’honneur. Jadis, la plupart des maisons avaient leur citerne ou leur puits. La facilité récente de l’eau courante a parfois fait oublier des habitudes ancestrales. N’oublions pas que l’eau  n’est arrivée dans nos villages qu’au milieu du XXème siècle !
 La consommation locale s'établit entre 100 et 120 m3 par an et  par branchement avec une tendance à la baisse depuis 2005. ( 86 400 m3 vendus pour 1426 habitants, soit  166 l par jour par personne. Un Parisien : 240 l par jour ; un Etasunien 600 l ; un Africain 50 l)

 Le rendement du réseau (quantité prélevée/quantité vendue) est bonne : près de 75%.

 

Le public enfantin est naturellement réceptif. Qu’en sera-t-il demain de l’adulte ? La pression économique jouera son rôle car la hausse continue du prix de l’eau est annoncée. Ce qui ne manquera pas de poser des problèmes d’équité et de justice : l’eau est-elle une marchandise comme les autres ? La distribution et la gestion de l’eau ne doivent-elles pas relever du service public ?



« 
Dans nombre de villes du monde en développement, une fraction importante de la population doit acheter son eau à des marchands privés, qui exigent jusqu'à 100 fois le prix demandé par les services publics de distribution.

De nombreuses études récentes font apparaître qu'un grand nombre d'habitants pauvres des villes payent l'eau beaucoup plus cher et y consacrent une bien plus grande fraction de leur revenu que les ménages raccordés au système d'adduction d'eau de la ville10. Les familles les plus pauvres de certaines grandes villes consacrent jusqu'à 20 pour cent de leur revenu à l'achat de l'eau. »



Sociologues et économistes avaient autrefois qualifié de « despotisme oriental » des systèmes économiques basés sur la gestion vitale de l’eau. Les perspectives climatiques peu alléchantes dessinées par  les experts, les conflits autour des ressources dépassent les solutions et les initiatives individuelles aussi sympathiques soient-elles.  Les médiatiques mises en scène des «  Grenelle de… » ont de beaux jours devant elles…

 

 

 

 

 

 

 

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G
Fin de l’acte I. La loi « Grenelle I » signe la fin d’un premier cycle du Grenelle qui a débuté en juillet 2007. Son intérêt premier est d’avoir créé les conditions d’un nouveau dialogue environnemental. C’était un progrès indispensable, un passage obligé pour permettre la prise de conscience du plus grand nombre et pour avancer sur la voie des réponses à construire pour faire face à la crise écologique.<br /> Pour Sébastien Genest, Président de FNE : « Seul point commun entre les deux Grenelle : si le Grenelle de 1968 a créé un nouveau dialogue social, celui de 2007 a créé un nouveau dialogue environnemental. La loi le consacre en donnant une valeur juridique et politique à la gouvernance à 5. Le Grenelle est désormais derrière nous et il faut maintenant faire vivre le dialogue environnemental. Mieux : la rencontre des partenaires sociaux et environnementaux doit permettre d’articuler dialogue social et environnemental ».<br /> Une loi importante. Pour les associations, cette loi correspond à un compromis, celui qui a été négocié lors du Grenelle. Deux ans après, les parlementaires auraient sans doute pu aller plus loin. Malgré cela et malgré des pertes en ligne, cette loi demeure importante. Elle constitue une feuille de route de ce qui reste à faire et c’est sans doute le plus dur qui reste à faire.<br /> Pour Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO : « Nous saluons l’adhésion des parlementaires aux engagements conclus par les acteurs du Grenelle. Nous regrettons dans le même temps qu’ils n’aient pas su aller plus loin, deux ans après ! Cette loi n’est pas une révolution mais elle ouvre la voie. Ni naïveté, ni défaitisme : nous savons que le plus dur est encore devant nous. »<br /> Pour Christophe Aubel, directeur de la Ligue ROC « La loi ouvre la voie d’une prise en compte globale de la biodiversité avec la création de la trame verte et bleue qui doit permettre de sortir la protection de la nature de sa confidentialité ».<br /> Et maintenant ? La réponse à l’urgence écologique supposait mais ne se résume pas à la loi. Cette réponse implique maintenant qu’une vague se soulève dans toute la société française pour changer nos manières de penser, de vivre et de consommer. L’attente est là et elle est très forte. Il ne faut pas la décevoir. La création d’une fiscalité verte, la réussite du sommet de Copenhague, la mise en œuvre du GIEC biodiversité seront autant de tests fondamentaux pour savoir si les politiques passent vraiment de la prise de conscience à l’action.<br /> Pour les associations, l’objectif est de dépasser cette loi. Elles continueront de mettre la barre toujours plus haut et s’emploieront à nourrir le dialogue environnemental .<br /> La fête est en effet encore trop souvent gâchée par des projets écologicides comme le circuit de formule 1 de Flins, l’expérimentation des méga camions ou bien encore le 3ème régime ICPE.<br /> Le communiqué en PDF
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