Du bon usage des vœux.
Tous nos vœux de bonheur et de santé. Selon les formules consacrées plus ou moins personnalisées chacun souhaite à ses proches et à l’humanité entière des jours meilleurs.
"La prédiction est un art difficile, surtout lorsqu'elle concerne l'avenir." ...
Selon la Pythie consultée annuellement par la presse locale, la crise, serait due à la trajectoire de la planète Pluton découverte en 1930 et aussitôt dotée par nos perspicaces voyants de pouvoirs bien précis, révélation en quelque sorte tombée du ciel ! Le supplément télé livré avec votre journal ouvrait même largement ses pages à l’inénarrable devineresse que consultait paraît-il le président Mitterrand lui-même. Naturellement, chacun de ces extra lucides affirment comme nos meilleurs économistes, avoir tout prévu depuis des lustres.
Faute de mage voici au moins un roi !
Apparemment notre président actuel ne consulte pas. Ses promesses de l’an dernier (pouvoir d’achat en hausse générale, plein emploi, baisse des impôts) en témoignent : aveuglement ou tromperie délibérée ?
« Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, du travail, des larmes et de la sueur ». disait Churchill aux Britanniques sous les bombes.
Le Président reprend cette année la même rhétorique et met en scène la peur pour mieux se faire sauveur et aggraver la contre réforme.
L’entreprise de démolition des services publics, de restriction des libertés, de développement massif de la précarité du travail seront poursuivies. La crise sert de prétexte à accentuer la régression des droits sociaux au profit d’une minorité privilégiée. Accentuation du contrôle des médias, restriction des droits réels du Parlement et de la justice, volonté d’intimidation des opposants.
Les commentateurs autorisés (à s’exprimer) y voient du volontarisme et du pragmatisme ! Sans rire, certains ont même prétendu que les discours successifs et changeants seraient inspirés par une pensée « de gauche » ! Le mot « capitalisme », longtemps considéré comme fantasme communiste attardé, est redevenu soudain opérationnel ! Il s’agirait de « moraliser » la bête ! En attendant, les milliards introuvables pour l’hôpital, l’éducation, le logement ou les salaires surgissent miraculeusement pour « relancer » les profits. Les caisses vides se sont transformées en coffres magiques, semblables aux boîtes à miroir du grand Houdini.
Et le monde de la finance sera sauvé.
« La lutte de classe existe » et nous avons gagné » a déclaré un célèbre économiste étatsunien. La classe dirigeante et les porte voix de l’UMP en semblent convaincus. A monopoliser la parole ils se grisent de leur propre propagande. Nous aurions la chance d’être dirigés par le sauveur de l’Europe, que dis-je du monde. C’est du moins lui-même qui l’a affirmé solennellement.
« Les initiatives que j'ai prises au nom de la présidence française de l'Union européenne pour coordonner l'action de tous les Européens et pour réunir les chefs d'État des vingt plus grandes puissances mondiales à Washington, ont permis d'éviter que le monde s'engage sur la pente du chacun pour soi qui aurait été fatale. »… « … j'ai essayé de changer l'Europe…. Avec la réponse commune à la crise financière, la résolution de la crise géorgienne, la création de l'Union pour la Méditerranée, l'accord sur le climat et l'énergie… »… « .. J'ai promis que les mêmes causes ne produiraient plus les mêmes effets. La France a exigé des changements pour moraliser le capitalisme, … »
L’illusionniste de foire sait habilement détourner l’attention pour éblouir la foule. De révélations en rumeurs, une armée de « journalistes » traque le ragot, l’image sensationnelle, la confidence intime. On nourrit quotidiennement de complaisantes controverses sur les aspects les plus futiles du pouvoir. La République se voit désormais affublée d’une « première Dame », à l’image des vieilles monarchies. Le Président s’est bien octroyé le privilège de restaurer la tradition du « discours du trône » devant le Parlement !
L’espoir tout de même.
Fête de 'Humanité: septembre 2008.
Rien n’est pire que la résignation. Fort heureusement, d’autres voix s’expriment.– bien qu’étouffées ou caricaturées dans les médias. Les salariés ne sont pas aussi résignés qu’on voudrait le faire croire. En témoigne à sa façon le résultat curieusement peu commenté des élections prud’homales récentes.
Face au « plan de relance » gouvernemental qui favorise outrageusement le fameux « capitalisme » qu’il faudrait réformer une position commune a été adoptée (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA). En voici la teneur :
« Orienter la relance économique vers l’emploi et le pouvoir d’achat »
Il est de la responsabilité de l’Etat et de l’Union Européenne de décider de politiques d’interventions publiques coordonnée favorisant une relance économique. Celles-ci doivent viser à la fois :
- Une relance par la consommation en améliorant le pouvoir d’achat, en priorité des revenus les plus modestes (…)
- Une politique de développement de logement social à la hauteur de l’urgence, un encadrement des loyers et un accès au crédit dans des conditions excluant les taux usuraires.
- Une protection sociale (santé, retraite…) dans un cadre collectif et solidaire
- Des investissements ciblés, en particulier en matière d’infrastructures, d’équipements publics et de services publics, en favorisant la recherche, le développement, l’éducation et la formation. Les investissements publics et privés doivent notamment être orientés en faveur d’une économie du développement durable mettant en œuvre les principes adoptés au Grenelle de l’Environnement.
- Toute aide accordée à une entreprise doit être ciblée et faire l’objet de contreparties. Elle doit être conditionnée à des exigences sociales, en particulier en matière d’emploi. Elle doit faire l’objet d’une information et d’un avis préalable des élus représentant les salariés. Dans le cas spécifique du secteur bancaire, l’utilisation des aides publiques doit donner lieu à un contrôle direct par l’Etat.
Du nouveau à gauche.
La fin de l’année 2008 a été marquée par la mise en scène déplorable des rivalités au sein du Parti socialiste. Là encore les médias proches du pouvoir ont joué leur partition : caricature, dérision, déformation systématique des enjeux.
Il s’agit de réduire le débat à une double impasse. Ralliement « moderne » à la droite sous ses divers oripeaux (gouvernement, commissions bidon, Nouveau centre, MODEM) ou bien contestation « radicale » vouée à une marginalisation permanente.
D’autres voies sont explorées et ne bénéficient naturellement pas de la même publicité :
- D’une part la création du « Parti de la Gauche » ouvre une perspective crédible d’alliance constructive d’opposition. (voir ici un article sur la constitution de ce parti) http://www.alainlevot-magny-les-hameaux.com/page2357.html
Anne Marie et Jean-Luc Mélanchon: une rencontre historique?
- D’autre part, le dernier congrès du Parti communiste, a clairement fait le choix de la constitution d’un front de gauche. La promesse d’un renouvellement reste à confirmer. « Avec les salariés, avec nos élus et les populations concernées nous pouvons faire bloc, nous pourrons faire nombre pour dire partout en France : « Il n’y a pas de fatalité à la crise » a déclaré Marie-George Buffet lors de la clôture du 34ème congrès du PCF. « Le non de gauche en 2005, le vote lors des élections locales de 2008, l’aspiration d’un grand nombre d’électeurs, de militants socialistes, Verts, d’extrême gauche à faire du neuf, à faire front ensemble, la création d’un nouveau parti de gauche témoignent de la persistance de valeurs de gauche, progressistes, avivées par la faillite des politiques néolibérales… » dit encore la résolution adoptée par ce congrès.
Cette orientation, appuyée par divers collectifs, devrait trouver une expression politique lors des actions prochaines contre les agressions gouvernementales. L’existence et l’expression de forces de résistance et de proposition en Europe peut déboucher sur un front commun lors des élections européennes en 2009.
« On ne peut rien tout seul » dit la sagesse populaire. Nous prendrons pour une fois le Président au mot :
« La crise nous oblige à changer plus vite et plus profondément. La crise est une épreuve. Elle est aussi un défi… Nous avons des atouts considérables. Il y a dans le peuple français quand il est rassemblé assez d'énergie, d'intelligence et de courage pour que nous ayons ensemble confiance dans l'avenir. Nous allons sortir renforcés de cette crise. »
Chiche !