Encore le CPE!

Publié le par Petits potins_10

MANIFESTE, MANIFESTANT ,MANIFESTONS.

 

 

 

 Beaucoup de monde à Troyes ce dernier mardi pour contester le CPE et la loi bizarrement nommée « Egalité des chances »… Comme d’habitude, le décompte varie. 2800 selon les RG (Renseignements généraux), 4000 selon les organisateurs. N’ayant pas compté moi-même, je ne me risquerais pas à donner une estimation. Par contre, en tant qu’habitué des cortèges, je peux affirmer n’avoir pas vu une telle affluence depuis le mouvement de 1995 (contre le plan Juppé)

 

 

 

 Les jeunes étaient nombreux en tête de cortège. La modération  qui s’était exprimée lors de l’Assemblée générale de la Fac le jeudi précédent n’indiquait pas une approbation du CPE. Autre élément qui n’aura pas échappé aux observateurs, la forte mobilisation de salariés du privé aux côtés des représentants du secteur public et des retraités. Depuis longtemps, je n’avais pas vu une banderole de salariés du textile (FO en l’occurrence) Toutes les organisations syndicales étaient représentées, FO assurant le service d’ordre en tête de manif et la CGT fermant la marche avec SUD. Dans le cortège, bannières de l’UNSA, de la FSU , chasubles CFTC, drapeaux de la CFDT.

 

 

 

 Doit-on répéter les motifs de cette mobilisation qui gagne en nombre et en force ? A écouter les représentants du gouvernement qui s’exprimaient sur divers plateaux de télévision le soir même, on avait l’impression que rien n’avait changé pour eux. Les arguments restent les mêmes.

 Face à des sourds que faire ?  

 

-       CRIER PLUS FORT ?  

-        Faire comme eux : rabâcher ?  

-        Trouver de nouveaux arguments si tout n’a pas été dit ?   

-        Leur proposer des soins adaptés, l’usage d’un langage commun…  

-        Imaginer d’autres formes d’action.

 

 

 

 Jeunes et moins jeunes y réfléchissent. Et mardi 4 avril on se retrouve, DEVANT LA bOURSE DU TRAVAIL à Troyes à 14 h.  

 

 

POURQUOI TANT DE HAINE ?   

« Laisser pourrir » est une tactique dangereuse, mais déjà utilisée. On s’y active en sous main et personne n’est dupe des initiatives « anti-blocage » suscitées par des groupes très minoritaires inspirés par l’UMP ainsi que l’a avoué avec candeur une jeune militante toulousaine de ce parti, à l’issue d’un débat télévisé où elle était présentée comme porte parole apolitique !

 

 

 

 «  J’ai pensé qu’en annonçant mon étiquette, je serais moins entendue  » dit-elle en substance (Arrêt sur image. F 5. Dimanche dernier)  

Diviser les opposants est aussi une tentation. Roselyne Bachelot , « Sarkozyste » convaincue , multiplie sur France Inter (vendredi 31. 8h40) les appels du pied aux « syndicats réformistes ». Pas de chance, François Chérèque (CFDT) n’a pas l’air emballé.  

 

 

Humilier les opposants et affaiblir durablement le mouvement syndical ? Chirac n’a plus rien à perdre et Villepin s’imagine dans les jupes de Margaret Thatcher. On se souvient de la lutte à mort menée par la « Dame de fer » contre les « Trade Unions » . La fameuse « pédagogie » dont on nous rebat les oreilles serait peut-être celle-là. Imposer à tous l’esprit de soumission  et de résignation, d’abord sur le lieu de travail ( licenciement sans motif, réduction générale des droits des salariés – appelés rigidités- comme le réclame le MEDEF), dans l’espace social (atteinte durable au syndicalisme) avant d’engager une « rupture » politique sous l’égide du « petit Napoléon »  

 

 

DIALOGUE.   

 

 

Pour ne pas faire comme l’UMP et le gouvernement, écoutons les gens. Rappelons cependant que l’énorme majorité des Français, d’après tous les sondages, désapprouvent à la fois le CPE et la méthode gouvernementale. Même le patronat est réticent : 

-         Christian Baffy, Président de la « Fédération française du bâtiment » pense pour sa part que « Notre priorité va à l’apprentissage , le CPE ne correspond pas à nos besoins » et son confrère Patrick Bernasconi (FNTP -travaux publics) juge le CPE « inapproprié » 

 

La parole à « TM », lycéenne parisienne et brillante, opposée au « blocage » de son lycée. Les commentaires sont de « Petits potins »

  Le codage du langage a été conservé volontairement et sans aucune ironie. C la lang SMS- dial direct é bocou 100 serv…)   

 

«  …Je trouve ke les blocus ke les lycéens font ne servent strictement à rien… ça n’emmerde ke les élèves et personne dotre.. ;  donc  ça sert à rien. »  

La question est débattue entre jeunes. Tous n’ont pas adopté cette solution en effet.   

« ..les manifestations, ça c autre chose..yen a bcp ki se mobiliz, mais comme d'habitude, ya aussi bcp de casseurs, et on parle encor de violence et tout, et ça se reporte sur les jeunes,biensur... »  

Souci légitime de l’image donnée par un mouvement revendicatif. La place des « casseurs » est omniprésente dans les images diffusées à la télévision. Qui a intérêt à cette dérive ? 

«… les étudiants et les salariés perdent leur temps en faisant tt ça, paske villepin ne reviendra jamais sur sa décision… c certain »  

C’est tout le problème d’une action collective : on n’est jamais certain de gagner, mais on ne peut non plus tout accepter. Il est arrivé que des gouvernements reculent face à des mouvements sociaux importants : le plan Juppé, les « réformes » du ministre Allègre….Sur les raisons de l’obstination de Villepin, voir plus haut…  

« …et pui je voi pa pkoi ils manifestent alors ke la loi  vient  de passer et kelle n'a mm pas encore été essayée...on peut faire un essai, et la si ça marche pas, montrer notre insatisfaction… »  

L’expérience montre qu’il est plus difficile de faire annuler une loi que d’empêcher qu’elle soit adoptée, en effet. De Villepin le sait. Il n’a prévenu personne, n’a consulté personne et  a tenté de profiter des vacances scolaires de février (procédure accélérée pour empêcher le débat à l’Assemblée) 

L’idée de « faire un essai » hélas n’est pas nouvelle ! Combien de types de contrats ont été essayés ? Le CNE n’est-il pas un essai ? Et malgré ce qu’en disent les partisans du gouvernement, le CNE ne crée pas d’emplois. «  Il n’y a pas de frétillement dans l’emploi marchand. La baisse du chômage ? c’est l’emploi parking, nettoyage des listes et RMI » déclare Patrick Devedjian, député UMP.( Le Monde. 17/01/2006)  

En outre, faire des essais sur le dos des salariés, c’est un peu choquant non ? En pharmacie on utilise les animaux !  

« …le cpe est installé en norvege deja, et la ba, tout marche tre bien, donc je voi pa pkoi en france ça serait pa le cas… »  

Les comparaisons avec les autres pays  sont tentantes mais généralement peu convaincantes, souvent fausses. On nous a beaucoup parlé du Danemark, rarement de la Norvège. Voici donc quelques indications sur ce pays et le site qui les publie .Apparemment, rien à voir avec le CPE !  

« En règle générale, les emplois réguliers débutent par une période d’essai. La durée de la période d’essai devrait être convenue à l’avance et ne pas excéder six mois. Elle est d'une durée maximum de six mois au cours desquels vous-même ou votre employeur pouvez mettre fin au contrat avec un préavis minimum de 14 jours. Si vous rencontrez des difficultés liées à votre emploi, vous pouvez en discuter avec vos supérieurs hiérarchiques, vos représentants du personnel ou du syndicat.
Il existe en Norvège une loi sur l’environnement de travail régissant les droits et obligations des travailleurs et des employeurs. Cette loi vise à protéger les travailleurs contre les préjudices physiques ou moraux et à garantir un environnement de travail satisfaisant ainsi que des conditions de travail en toute sécurité et saines pour tous. Si vous êtes employé par une agence de travail temporaire, vos droits et obligations s'exercent vis-à-vis de cette agence et doivent être les mêmes que pour tout autre employeur http://europe.eu.int/eures/main.jsp?catId=1857&acro=living&lang=fr&parentId=1749&countryId=NO »

 A noter que le taux de syndicalisation en Norvège est de 60% !  

 

AUTRE SITE :Contrat de travail en Norvège.
 « Le contrat de travail est régi par les dispositions légales et dans une moindre mesure par les conventions collectives et la négociation individuelle.
Le formalisme du contrat de travail est assez rigide. » 
 

« de tte façon en france, on se plaint tout le temps pour pa grand-chose.  le jour ou yora vraiment quelque chose de grave, plus personne nous écoutera, ça sera malin! »

 Beaucoup estiment que le code du travail est une chose très  importante. Ses dispositions ont été acquises après des dizaines d’années de luttes et de négociations. Elles régissent la vie entière de millions de salariés . Il existe aussi des réglementations internationales (BIT) et européennes. Le CPE, après le CNE est une remise en cause de ces dispositions. De Villepin a annoncé que ce n’était qu’une première étape avant la « refonte » du code du travail ainsi que le souhaite le patronat (MEDEF). Sarkozy parle lui de refondre totalement le contrat de travail pour tous.  Aucune organisation représentative des lycéens, des  étudiants, des employés et des salariés ne pouvait laisser passer ce texte sans réagir !Le gouvernement le savait. Il n’a pas voulu négocier avant.  Il est possible en effet que ce soit un piège…

 On aura remarqué la pertinence des observations de « TM » qui sont le reflet, avec d’autres mots, de préoccupations répandues. «  La France est-elle réformable ? » dit-elle en fait dans sa dernière intervention…. N’est-ce pas une invitation à se plonger dans les propositions faites sur le sujet par les uns et les autres : Chérèque a des idées, la CGT a fait connaître les siennes depuis longtemps, au PS, des gens y travaillent, le PCF a publié un plan détaillé… Chacune de ces organisation a un site Internet. Allez-y voir.  

 

 

 

 La presse locale dispose d’un correspondant bénévole, régulier et singulier, intervenant dans le cadre du « courrier des lecteurs ». Le « chapeau » de la rédaction du journal montre que celle-ci n’est pas insensible à son « talent » Nous l’appellerons M « Sarkofly de Sainte Savine ». Il s’est déjà manifesté contre les services publics, contre les fonctionnaires. Récemment il écrivait sur les étudiants.

 Après avoir repris en moins bien l’idée de Mme Parisot du MEDEF selon laquelle « tout est précaire dans la vie » - M De La Palice aurait même dit « la vie elle-même l’est ! »-  Sarkofly éructe : 

 

« …ces jeunes gens qui battent le pavé dès que les organisations syndicales ouvrières leur font signe…les participants à ces mouvements plus ou moins séditieux auraient peut-être quelques difficultés pour fournir leur carte d’inscription aux facultés qu’ils sont censés représenter…on va les retrouver une fois le calme revenu et les résultats obtenus, dans des sinécures enviables… Il est vrai que toute peine mérite salaire… »  

Nous avons retenu ce bref échantillon de haine pure à l’intention des lecteurs candides qui s’imagineraient que la lutte de classe n’existe plus. Retenons cependant, qu’à l’image des lapsus commis par M Galouzeau De Villepin, Sarkofly De Sainte Savine envisage sérieusement le succès du mouvement (« une fois les résultats obtenus ») et une victoire électorale de la gauche aux prochaines élections présidentielles ( des « sinécures enviables » pour les meneurs ) 

 

 

 Plus sérieuse, plus grave pourrait-on dire, est la contribution publiée le 29 mars par un professeur syndiqué. Pour lui, l’action engagée est « Un acte anti-républicain ». 

Selon l’article, le mouvement en cours exprimerait « une somme d’avis exprimant l’intérêt particulier et les passions » qu’il oppose à la loi républicaine issue du vote. «… manifester sa force et son nombre pour que soit retiré un texte déjà voté par le parlement est un acte anti- républicain »  

L’argument n’est pas mince. Si la constitution dispose que c’est en effet le parlement qui vote les lois, elle reconnaît aussi le droit de s’y opposer par la grève et la manifestation. Les Députés de 1793 avaient même introduit le « droit à l’insurrection »  contre un pouvoir injuste ! 

Si le syndicalisme renonce à faire modifier ou évoluer la loi, notamment en matière de code du travail, puisqu’il s’agit de cela, on voit mal quel rôle il entend jouer. « C’était avant que la loi soit votée qu’il eut fallu manifester massivement et contraindre le gouvernement à négocier. C’était possible » La dernière phrase fait problème. Nous avons vu ci-dessus que De Villepin a tout fait pour éviter et la concertation et la manifestation publique de mécontentements avant le vote de son texte .

 Il est cocasse d’observer que Roselyne Bachelot, interrogée ce matin sur France Inter, ait justifié le droit à manifester au nom de la « démocratie participative » complément nécessaire à la « démocratie représentative »  

 

J’ignore la discipline enseignée par Monsieur P. Ce ne doit pas être l’histoire, car il saurait ce que doit notre droit aux mouvements sociaux dans ce pays. Imagine-t-on que la journée de 8 heures, les congés payés, le droit à la santé et à la retraite sont le seul  résultat de lois votées par des parlementaires éclairés ? Qu’on le regrette ou non, « la rue » a toujours eu son mot à dire, car ce qu’on appelle ainsi avec mépris, ce sont des citoyens rassemblés, et rassemblés dans la rue ! Que Monsieur P se rassure. Les urnes parleront aussi prochainement. L’ennui est que leurs précédents messages n’ont guère été entendus.  

 

  

 

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