Les arbres de La Chaussée.

Publié le par Petits potins_10

Ces arbres qu’on abat…

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour la sécurité, et c’est incontestable, on abattit hier deux arbres vénérables. Ils furent plantés jadis, ainsi que sentinelles, aux abords du village. La voie était déserte. On disait « La chaussée », empierrée et hautaine, droite à travers les champs, du carrefour au village. La Belle Epine alors n’était qu’un pauvre amas de masures et de clos. Et de Troyes à Piney, un chemin mal commode secouait les voyageurs dans des voitures attelées.  

Plus tard les voyageurs, sous la pluie, dans le vent, rejoignaient au matin, la gare et le chemin de fer, dont la fumée lointaine signait sur le ciel gris les promesses d’un progrès infini. On s’arrêtait sans doute, à l’abri du feuillage lorsqu’on allait à pied attendre l’autocar.  

Vinrent les automobiles et leur flot continu, les cyclistes du dimanche,  le car des écoliers. Tranquilles et majestueux, marronniers et tilleuls ont défié les années. Cependant peu à peu, les ans, la pluie, le vent,  les insectes inlassables ont creusé, déformé les troncs, rongé les écorces. Une vingtaine ont survécu. Sept ont laissé la place à des troncs vigoureux. 

 Un siècle  et demi. Les troncs rompus gisent au long d’un chemin.

 

 

 

 

 

 Voix des arbres.  

Les arbres timides et forts  

La nuit parlent à voix haute 

Mais si simple est leur langage 

Qu’il n’effraie pas les oiseaux  

Près du cimetière où les morts 

Remuent leurs lèvres de cendre 

Le printemps en flocons roses 

Rit comme une jeune fille  

Et parfois comme le cœur 

Prisonnier d’un vieil amour 

La forêt pousse un long cri 

En secouant ses barreaux.  

Marcel Béalu.

 Le Marronnier est le roi de l’ombre ( Fable). 

 

 

 

 

 

 

 

Un petit chêne en un été 

Avait pondu deux mille glands 

Qui glandouillaient 

Glands  glands glands glands 

A qui naîtraient bientôt dans l’herbe…  

Non loin de lui un marronnier  

N’avait réussi qu’un marron 

Qui devint vite un avorton 

Cerné par des enfants de chêne 

Mais l’an d’après quand vint l’été 

Et les années qui suivirent 

L’enfant marronnier se fâcha 

Et déployant son plafonnier 

De feuillages superposés  

Vite étouffa dans sa vengeance 

Tous les intrus qu’il détestait 

Afin de semer ses marrons  

Tonton tontaine et retonton 

Tout marronnier est Attila. 

L’herbe sous lui ne repousse pas.  

Pierre Béarn.

 

 

 

 

 

 

 

Le vent fait battre son cœur   

Chaque vague chaque feuille 

Change voit clair et rayonne 

Les ailes ont quitté le corps  

De la forêt l’arbre s’envole  

Il règne de la terre au ciel  

Il s’éclaircit il prend des forces  

Il chante et peuple le désert  

Un plus tendre bois  

Un miroir plus vert  

Une seule voix  

Reflètent l’azur  

Sous toutes ses faces. 

 

Paul Eluard.

  

 

 

 

 

 

 

Toute idée, humaine ou divine, 

Qui prend le passé pour racine  

A pour feuillage l’avenir.  

                              Victor Hugo.

 

 

 

 

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 Les poèmes cités sont extraits du n° 3 des "cahiers bleus. 2ème trimestre 1991. Notre frère l'arbre.

 

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