Masques et sarabandes.
Une fois de plus, les écoliers de Mesnil-Sellières ont défié les éléments pour gratter aux portes, tirer les sonnettes, carillonner sous vos fenêtres, secouer les tirelires. Bonbons et gâteaux en prime.
Après consultation de la météo, la maîtresse d’école avait sagement différé le départ. Au petit matin un fort vent balayait les rues et ruelles et le ciel à l’ouest menaçait. Vers 9 h , le bleu apparut, la célèbre « culotte de gendarme » qui annonce l’éclaircie. Armés de tambourins, de bâtons sonores, de crécelles, un extravagant défilé se forma – solidement encadré par les parents. En rang et en rythme, pour plus de deux heures de cavalcade :
Mardi gras est mort
Il faut l'enterrer
Sa femme qui pleure
Faut la consoler
En une, en deux, en trois,
Saute Mardi gras.
Certes la date est passée et c’est en mars plutôt mi-carême. Le climat, les coutumes s’adaptent à la région.
Alors disons carnaval.
Carnaval est revenu
L'avez-vous vu ?
Il est passé dans la rue
Ni vu ni connu
Il porte un masque de carton
Et souffle dans un mirliton
Coiffé d'un chapeau biscornu
Mon p'tit bonhomme
À quoi joues-tu ?
Il en est de prestigieux, de Dunkerque à Nice. Le poète célébra Venise.
Venise pour le bal s'habille.
De paillettes tout étoilé,
Scintille, fourmille et babille
Le carnaval bariolé.
L’été brésilien libère les foules à Rio, et sous les tropiques la mascarade dévoile plus qu’elle ne dissimule !
Voici le carnaval
Nous allons tous danser!
Voici le carnaval
Nous irons tous au bal
Et nous nous déguisons
Ensemble nous dansons
Et nous nous maquillons
Et nous nous déguisons
Voici le carnaval
Nous allons tous danser!
Voici le carnaval
Nous irons tous au bal.
Le défilé des écoliers est plus modeste, mais tout aussi joyeux :
C'est Mardi Gras dans notre école,
Comme on s'amuse! Comme on rigole !
Avec nos masques et nos grimaces
Dans le défilé qui passe.
Joues rouges, cheveux verts,
Pantalons lâches et chapeaux de paille,
Sur les enfants tout fiers
Qui se tortillent et qui piaillent !
Sifflets, flûtes et tam-tams
Cognent, roulent, secouent,
Pour fêter le jour fou
Que tout le monde acclame!
Comme on s'amuse! Comme on rigole !
Dans notre école !
Ils sont passés par ici. Ils repasseront par là. A votre porte, un groupe se constitue : battez les tambourins, frappez les percussions. Nombre d’enfants participent aux leçons de « L’Eveil » musical et ça s’entend !
Les portes s’ouvrent, les volets baillent. La petite monnaie glisse dans les boîtes. Les bonbons fondent sous la langue. On traîne un peu la patte sur le chemin du retour.
Mais les gens sont si gentils ! Les caisses sont lourdes, pleines à ras bord d'euros en piécettes et en billets.
Adieu pauvre, adieu pauvre,
Adieu pauvre Carnaval
La jeunesse fait la fête
Pour saluer Carnaval
Marie fait des brioches
Avec la farine de la maison
Le bœuf danse, l'âne chante
Le mouton dit sa leçon
La poule chante le Credo
Et le chat dit le Pater
« Adiu paure, adiu paure,
Adiu paure Carnaval
La joinessa fa la fèsta
Per saludar Carnaval
La Maria fa de còcas
Amb la farina de l'ostal
Lo buòu dança, l'ase canta
Lo moton ditz sa leiçon
La galina canta lo Credo
E lo cat ditz lo Pater »
( Version originale en Occitan )
De retour à l’école, crêpes et beignets pour tout le monde. Les mamans ont tout préparé. La récolte ira grossir la cagnotte, celle qui va permettre au mois de mai le voyage en Angleterre : une semaine pour découvrir l’outre Manche. Mais c’est une autre histoire. Nous en reparlerons.