Père Noêl existe, on l'a rencontré...
Joyeux noël !
L’exclamation vole de maison en maison. Le rideau se soulève. On a « rentré le chien ». Dans les jardins de nuit fleurissent des lucioles. De grands enfants partout accrochent aux devantures, aux grands arbustes noirs, aux barrières des balcons les fils multicolores. Ce sont des rennes jaunes aux sabots lumineux, des bonhommes joufflus auréolés d’étoiles. Père Noël va passer, Père Noël est là-bas. On le devine à l’agitation qui naît derrière les portes closes.
Il est bien tard parfois et les plus petits dorment. Mais la journée, les tournées sont longues. A peine le soleil couché, les membres de l’AFMS (Association familiale de Mesnil-Sellières) se sont réunis, ont échangé leurs plans : 94 enfants ont été recensés dans la commune, soit environ 70 maisons à visiter. Cela demande un peu de préparation, même si, comme chacun sait, le Père Noël a le pouvoir de se dédoubler voire de se multiplier par cinq !
Quelques petits, un peu trop futés remarquèrent que celui du soir n’avait plus les lunettes qu’il portait le matin à la remise des friandises de l’école ! Le Père Noël selon le célèbre professeur Ray Veillon, est comme les chats : il y voit mieux la nuit !
La tradition est ancienne ici, venue comme en lointain écho de ce qui se pratique à l’est autour de la légende de Saint-Nicolas. On a cependant supprimé le « Père fouettard » là-bas en usage. Certains murmurent que le menaçant personnage aurait eu autrefois, une influence fâcheuse sur les jeunes esprits. Il en subsisterait ici ou là de sinistres et troubles tentations !
Une question reste en suspens : « Y croire ou pas ? » . L’œil des enfants est un indicateur assez fiable. Le tout petit s’étonne. Quelques mois de plus il s’effraie et refuse de quitter sa mère. Bientôt il jouera le jeu avec conviction, posant heureux près du sapin familial, offrant le dessin soigneusement préparé. Enfant, le regard fuit. La chaussure est-elle convaincante ? La barbe assez fournie ? Il y a dans toutes les écoles un loustic assez mariole pour affirmer détenir la vérité…. Doit-on encore croire papa et maman ? La prudence invite à jouer sans le savoir une sorte de « pari de Pascal » : s’il existe acceptons de bonne grâce les cadeaux qu’il apporte, et s’il n’existe pas faisons mine d’y croire afin de bénéficier tout de même de ses bienfaits. Les dernières années, du moins selon les critères adoptés par l’AFMS, le doute se déplace et devient un jeu . La question est : « Qui est-ce ? » . La fierté des organisateurs est alors de déjouer la perspicacité de jeunes détectives particulièrement doués ! On se gardera ici de dévoiler les secrets de fabrication !
Les grandes sœurs et les grands frères n’étaient pas tous nés lorsque l’AFMS organisa ces tournées à domicile (1985- Christian Isambert et Jean Luc Petit, acteurs principaux ). La plupart acceptent avec indulgence de poser avec le groupe familial. Ils savent désormais les limites du merveilleux. Ils compensent grâce aux inépuisables joies du virtuel ! Nous avions les livres. Il semble qu’ils préfèrent les petits bijoux de technologie que le commerce met en rayons.
Enfin vient l’âge adulte, âge du compte en banque et de la carte bleue. Un âge raisonnable durant lequel les moments de rêve sont comptés. Le Père Noël est un précaire saisonnier. Heureusement, malgré les efforts inlassables d’innombrables petits rongeurs de bonheur, la nuit du solstice ou de la nativité selon les convictions, se réveillent chez certaines grandes personnes des passions enfouies ! Et l’on accroche des guirlandes, et l’on illumine son chez soi, et l’on s’affaire près des fourneaux. Longez de nuit notre rue et nos ruelles comme l’a fait le Père Noël. Vous dénombrerez bien plus de jeunesse et de cœurs d’enfants que le recensement n’en prévoyait ! Et si vous me demandez « qui croit encore au Père Noël ? », je dirais bien volontiers que les membres de l’AFMS sont totalement convaincus : ils l’on vu, ils l’ont accompagné et ils l’ont même réconforté après sa tournée. C’est pas une preuve ça ?
Annexe : afin de satisfaire la curiosité des plus grands, voici les noms de joyeux compagnons qui acceptèrent de transpirer en ces soirées de fêtes :
1985- Christian Isambert- Jean Luc Petit
1986- Robert Delacour- Gérard Chérain
1987- Didier Croci- Charly Patenaire
1988- Georges Briet- Régis Thévenin
1989- Charly Patenaire- régis Thévenin
1990- Claude Thiérard-Georges Briet
1991- Francis Pitié- Dominique Chevallier
1992- Régis Thévenin-Gérard Krebs
1993- Francis Pitié- Dominique Chevallier
1994- Robert Delacour-Francis Pitié
1995- Jean-Robert Guyot- Gérard Krebs
Et les articles des années passées
noël 2005 ici
noël 2006 là